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Docteur
Charlotte WEAVER |
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L' oubliée de notre histoire de lostéopathie crânienne |
C'est
durant mon premier séjour à San Francisco que j'ai découvert
le Docteur Charlotte WEAVER.
Au cours d'une discussion avec Hennie Sholars D.O dans son cabinet, elle
évoque une certaine Ostéopathe, contemporaine de Will Sutherland
qui a contribué au concept crânien.
Afin d'en savoir plus sur cette pionniere, Hennie me donna les coordonnées
de Margaret Sorrel D.O, seule personne capable de m'apporter de plus amples
informations sur Charlotte WEAVER.
Un premier contact avec l'école de Kirksville m'a apporté
une série d'informations brutes....
Juin 1912 : elle a été
diplômé de l'Américain School of Ostéopathie
de Kirksville , Missouri.
Mars 1914 : elle s'est marié
à Walter Edward Wingerter à Akron, Ohio .
Entre 1921 et 1928 : elle a vécu
au Central Savings and Trust Building à Akron, Ohio.
De 1931 à 1935 : elle vivait
54 rue Pierre Charron, Champs Elysées, Paris, France.
De 1936 à 1958 : son adresse
était : Mayflower Hôtel in Akron, Ohio
Puis,
j'ai trouvé la
généalogie de sa famille.
Plus mes recherches avancent et plus le destin de cette femme me semble
extraordinaire.
Après plusieurs contacts infructueux, le Dr Margaret Sorrel m'a
expliqué qu'elle travaillait actuellement à l'écriture
d'un livre sur Charlotte Weaver, aussi il lui était impossible
de me fournir le moindre document. (Il semble que la parution de ce livre
soit remise à un ou deux ans).
C'est donc sur la base de son premier article, qui a été
pour moi une véritable mine d'or, que j'ai pu continuer mes investigations.
Après avoir accumulé toutes ces informations, il me restait
à mettre un visage sur le nom. Ce détail devait me permettre
de satisfaire en partie ma curiosité.
Je suis entrée en contact par E-mail avec le muséum de Kirksville,
qui m'a finalement proposé d'acheter deux
magnifiques photos de Charlotte WEAVER, et m'a donné
son adresse lorsqu'elle était à Paris dans les années
30.
Deux
pistes s'ouvraient à moi :
-
partir sur les traces de Charlotte Weaver grâce à mes contacts
aux États-Unis
- tenter de trouver des informations à Paris, et de voir ce qu'elle
y avait fait.
La piste parisienne m'a conduit jusqu'aux archives de la préfecture
de police afin de retracer le parcours de Charlotte Weaver : sa date d'arrivée
sur le sol français, ses éventuels contacts pour venir à
Paris ou tout autre renseignement.
Elle fut membbre de l'Institut Métapsychique International de Paris
entre 1932 et 1934.
Malgré sa nationalité américaine et un long séjour
à Paris, il n'y a aucune trace de sa venue...
Mes recherches se sont également tournées vers l'hôtel
Château Frontenac, qui existe toujours à Paris, où
elle vécut et pratiqua en tant que psychiatre et ostéopathe.
Malheureusement ni les anciens propriétaires ni les archives de
l'hôtel ne m'apportèrent la moindre information.
Hôtel Château Frontenac,
aujourd'hui
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La carte de visite du Docteur C. Weaver
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Toujours
en quête de contacts, je me suis plongée dans l'annuaire,
afin d'y rechercher les descendants du Dr Auzoux et des familles Tramond
- Roupert, avec qui le Docteur Weaver aurait fait ses recherches (elle
en parle dans son article du 22 Juillet 1935).
C'est ainsi que j'ai appris qu'il y avait eu une fusion des deux entreprises
en 1929.
Jérôme AUZOUX ( 1797-1878) créa des modèles
d'anatomie humaine démontables en carton pâte. Tramond -
Roupert, eux, préparaient des pièces d'ostéologie
humaine de haut niveau.
Le Dr Weaver ayant fait beaucoup de dissections, avait travaillé
avec eux, mais je n'ai pas réussi à obtenir d'information.
Les descendants n'ont aucun souvenir et n'ont pas la moindre archive à
me proposer.
Un espoir, le musée de l'écorché
où le Dr Weaver a fait ses dissections.
Mes recherches à la bibliothèque universitaire de médecine
René Descartes n'aboutirent pas non plus .
Toute trace du Dr Charlotte Weaver à Paris semblait avoir disparu.
Je décidais de porter mes recherches vers la " Neuropsychiatre"
qu'était le Dr Weaver, aliéniste comme l'on disait à
cette époque .
En parallèle, j'envoyais de nombreux courriers et E-mails aux Etats
Unis.
Mes démarches me menèrent ensuite à un article de
Jacques LACAN datant de 1931 :
Structure des Psychoses paranoïaques par Jacques Lacan, Interne
des Asiles de la Seine dans :" La Semaine des Hôpitaux de Paris,
à la fin de son article, on peut lire
: " Il semble, d'après les études
récentes des Américains, qu'une prophylaxie utile pourrait
être exercée utilement dans l'enfance par des éducateurs
avertis. "
Je me laisse à penser, qu'ils auraient pu se rencontrer ... A quels
éducateurs avertis fait-il allusion ?
La piste américaine, elle, a porté
ses fruits : en reprenant l'article de M. SORREL, j'y ai trouvé
le nom de Georgann CULLEN.
A l'aide des moteurs de recherche, j'ai trouvé sur internet une
Georgann CULLEN médecin biologiste à qui j'ai envoyé
un E-mail... en espérant ...
Voici la traduction de sa réponse
Puis, j'appris par Georgann comment elle
rencontra Charlotte Weaver.
Georgann
:
Le Docteur Weaver pratiquait comme une ostéopathe quand je l'ai
rencontrée la première fois. J'avais 14 ans et métais
fracturé une vertèbre lombaire dans un accident de plongée,
je fus emmenée comme patiente.
Elle a été très proche du Dr. Weaver qui lui donna
des conseils et la guida dans ses débuts à l'université.
Georgann me confirma ce que je pensais, Charlotte Weaver a passé
sa vie à faire de la recherche.
C'était une femme brillante m'a-elle dit et très dévouée.
Suite
à ce contact avec Georgann, j'ai pu entrer en relation avec Bill
Martin, neveu de Charlotte.
Toutes ces recherches au bout de plusieurs mois de contact se révèlent
enfin fructueuses ( merci à la technologie internet) et je peux
vous proposer de nouveaux articles provenant des archives du Journal d'AKRON
et de l'A.O.A .
Le 4 Mars 2002
fut une grande date : celle où je reçus une partie des recherches
faites
par le Dr. Charlotte
Weaver pendant 25 années et publiée sous le titre
" The Cranial Vertebrae"
dans le J.A.O.A des mois de mars, avril et mai 1936 . en étudiant
les trois parties (mars, avril et mai) de cet article, j'ai appris que
Charlotte Weaver, n'avait pas séjourné uniquement en France,
mais aussi en Angleterre et en Egypte où elle a fait des recherches
au Muséum du Caire.
En
Juillet 1936, parution de "
Etiologic Importance of the cranial Intervertebral Articulations"
Elle écrit dans l'introduction à son article "
the Three Primary brain vesicles and the Three Cranial Vertebrae"
dont, étrangement, suite à sa conférence , personne
ne fit écho hormis la presse de Boston en Avril 1937 (interview
du Dr. Weaver par le Sunday post Journal sur ses " Études
des maladies nerveuses et mentales".
Au programme du meeting de septembre 1937 : Symposium on The Plastic Basicranium,
intervention du Dr. Weaver et présentation : Traumatization
of the Plastic Basicranium Other Than Obstetrical.
Tous ces articles sont illustrés par des schémas, de nombreuses
photos de radios (certaines faites en France) et de multiples références
à des ostéopathes et des livres d'embryologie et d'anatomie.
Quelques dates peuvent donner à réfléchir et d'autres
hypothèses sur la découverte du concept crânien pourraient
être envisagées.
La mienne serait qu'ils auraient été deux à découvrir
l'ostéopathie crânienne, ce qui nous permet aujourd'hui de
bénéficier de leurs travaux respectifs.
"En 1929, le Docteur Sutherland soumet son
premier manuscrit relatif à son hypothèse d'articulation
de la base du crâne au Journal of Osteopathy, publication Alma mater.
Il sera rejeté car il ne s'accorde pas à l'idéologie
dominante. Le comité de rédaction lui reproche un manque
d'étayage théorique et lui suggère de retravailler
son sujet ( page 274).
De 1934 à 1939, le Dr Sutherland publie une série de 7 articles
dans la revue The Osteopathic Profession, dans lesquels il perfectionne
et étend son concept des lésions rachidiennes au champ crânien,
l'occiput étant considéré comme une vertèbre
modifiée."
Réf
: Textes Fondateurs de l'Ostéopathie dans le champ crânien.
William Garner Sutherland, traduit par Pierre Tricot
Edition Sully 2002
Lorsque le Dr Sutherland a présenté son manuscrit
en 1929, le Dr Weaver était en Europe où nous savons qu'elle
y poursuivait ses recherches sur sa théorie des vertèbres
modifiées, qu'elle étayait scientifiquement ( article Étiologic
Importance Of The cranial intervertebral articulations et article Journal
d'Akron 1935).
Charlotte Weaver ne fut pas seulement infirmière et ostéopathe,
elle fit des études de neuropsychiatrie et en fut diplômée
en 1942 , elle obtint aussi un diplôme de dissection en anatomie-physiologie
(article, The Plastic Basicranium ).
Il y eut une " Fondation Charlotte Weaver " où elle donnait
des cours aux post-gradués. Elle a participé à plusieurs
conférences majeures à New York, Boston , Cleveland.
Elle est allée voir ce qui se passait ailleurs dans
le monde : cinq ans à Paris, Londres et Le Caire alors que
les moyens de locomotion de l'époque n'étaient pas aussi
rapides et confortables que ceux que nous connaissons aujourd'hui.
Il lui fallait un grand esprit de curiosité
, d'investigation et une ouverture incroyable.
Après la mort de son mari, elle consacra sa vie à la recherche.
Charlotte Weaver, bien que faisant souvent référence
à de nombreux ostéopathes, ne cite jamais le Dr
Sutherland et, inversement, le travail scientifique et hautement spécialisé
du Dr Weaver n'est évoqué qu'une fois par le Dr Sutherland
(Contributions of Thought, page 118 : le Dr Charlotte Weaver a fourni
un autre témoignage en présentant plusieurs spécimens
de crânes, avant et après la naissance, présentant
larticulation normale. Lun de ces spécimens post-natals
présente un « disque intervertébral » resté
intact. Lisez son article, à la page 333 du numéro de mars
1936 du Journal of the American Osteopathic Association.2) Traduit
par Pierre TRICOT, DO.
Pourtant, tous deux ont été des élèves
du Dr Still ( Article Extrait A.O.A) et sont diplômés
de la même école (et quelle école !),
Tout comme à Margaret Sorrel,
quelque chose m'échappe : au vu des dates de parutions des
articles de presse et du travail phénoménal qu'elle a accompli,
, pourquoi le Dr WEAVER est-elle restée inconnue ?
Mais comme m'a dit Francis Peyralade D.O. alors que je m'interrogeais
: "il faut se reporter aux années
1920 et au rôle des femmes dans la société de cette
époque" et surtout :
'il n'est jamais trop tard pour honorer et réhabiliter une personne
même des dizaines d'années plus tard..."
L'article du 22 Juillet 1935 commence ainsi :
" Une petite femme d'Akron" , il
est temps de dire aujourd'hui : "Une
Grande Femme d'Akron !
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